Rénovation énergétique : donner aux CEE la place qu’ils méritent
Dans un contexte budgétaire particulièrement contraint, la question du financement de la rénovation énergétique revient plus que jamais sur le devant de la scène. Si l’État cherche à rééquilibrer ses dépenses, il est impératif de rappeler le rôle stratégique – et plus que jamais incontournable – des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) pour assurer la continuité, l’efficacité et l’ambition de la politique de rénovation énergétique en France.
Les CEE : un levier mature, efficace et mobilisable
Depuis leur création, les CEE ont démontré leur capacité à générer des économies d’énergie concrètes tout en mobilisant les acteurs privés. Ce dispositif, aujourd’hui bien structuré, a permis de financer des millions de rénovations, avec une attention particulière portée aux ménages les plus modestes. Dans une période où les budgets publics se resserrent, les CEE apparaissent comme un levier solide et pérenne pour soutenir l’effort collectif.
L’idée de faire davantage reposer la dynamique de rénovation sur ce mécanisme extrabudgétaire doit donc être vue non comme un repli, mais comme une opportunité de consolidation et d’intensification des actions engagées.
Une ambition collective à préserver
Les objectifs de rénovation énergétique portés par l’État ces dernières années sont ambitieux, et à juste titre. Mais pour les atteindre, il est essentiel de ne pas se limiter à une logique de soutien à la demande. L’offre doit, elle aussi, faire l’objet d’un accompagnement clair et structurant.
La filière a besoin de stabilité, de visibilité, et d’un signal clair : la transition ne se fera pas à petits pas, mais avec une mobilisation pleine et entière des outils existants. Les CEE en font évidemment partie, et leur montée en puissance doit être pensée non pas comme une variable d’ajustement, mais comme un pilier central.
Garantir un financement soutenable pour les ménages
Si des ajustements budgétaires sont envisagés du côté de MaPrimeRénov’, alors le relais par les CEE devient non seulement pertinent, mais nécessaire. L’essentiel est que le reste à charge pour les ménages reste maîtrisé, surtout pour les profils les plus fragiles. Car la dynamique de rénovation ne pourra repartir que si les projets restent accessibles.
Il est également crucial de veiller à ce que le soutien public – direct ou indirect – conserve une intensité suffisante pour engager des rénovations complètes, performantes, durables. Dans un contexte où les mesures fiscales et réglementaires incitatives sont peu nombreuses, les mécanismes comme les CEE sont l’un des rares leviers réellement opérationnels.
Rénovation énergétique : bien plus qu’un enjeu climatique
Au-delà des émissions évitées, la rénovation énergétique est d’abord une réponse aux enjeux du quotidien : confort, santé publique, pouvoir d’achat. Il est donc impensable de revoir à la baisse les ambitions nationales sous prétexte de restrictions budgétaires. Ce serait renoncer à un mieux-vivre pour des millions de Français.
Communiquer sur ces dimensions concrètes est indispensable. Il ne s’agit pas uniquement de rentabilité ou de retour sur investissement, mais d’un projet de société, avec des impacts positifs immédiats dans la vie des ménages.
Vers une diversification intelligente des solutions de financement
Pour amplifier encore la dynamique, il convient aussi d’ouvrir la voie à de nouveaux modèles. Le tiers-financement, en particulier lorsqu’il repose sur des contrats de performance énergétique, offre une voie complémentaire très prometteuse. Ce modèle permet aux travaux de s’autofinancer en partie, via les économies générées.
Un premier pas important a été franchi avec l’appel à programme France 2030 Oréno, porté par l’ADEME. Le projet Assuréno, lauréat porté par Sonergia, en est un excellent exemple. Ce type d’initiative vient enrichir l’écosystème des solutions disponibles et doit être pleinement intégré dans les politiques publiques.
Conclusion : CEE et ambition, même combat
Pour réussir la transition énergétique du secteur résidentiel, il faut plus que jamais croire en la force du collectif, des dispositifs éprouvés et des mécanismes hybrides. Les CEE, en tant qu’outil souple, robuste et mobilisateur, ont toute leur place dans cette nouvelle phase.
Ne réduisons pas l’ambition pour des raisons budgétaires : soutenons-la avec les bons outils, en mettant en synergie tous les leviers disponibles. Car la rénovation énergétique est à la fois une nécessité environnementale, une priorité sociale, et une opportunité économique.